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Cette Année l’Océan Étouffe !
LE RÉCHAUFFEMENT DES OCÉANS EN CE DÉBUT 2024 A ENTRAÎNÉ LE BLANCHISSEMENT DES CORAUX.
POURQUOI ?
Qu’est ce qu’un corail
Tout d’abord, rappelons ce qu’est un corail !
Un corail est un animal, un minéral et accueille un végétal. La forme animal du corail est le polype. Imaginez un genre de petite méduse la tête en bas.
Les polypes sont de vrais petits maçons et produisent leur propre squelette calcaire. Chacune des espèces de corail a une forme spécifique, et cette forme peut également varier selon la profondeur. Tout cela donne des récifs avec une diversité de formes et couleurs. Lorsque le corail meurt sa structure reste et peut s’apparenter à de la roche.
Les polypes sont également reliés entre eux par une membrane. Ils ont compris que pour survivre, il faut collaborer ! Alors ils accueillent dans leur corps des micro-algues : les zooxanthelles et une symbiose se créé.
Exposées aux rayons du soleil, ces minuscules algues vont produire de l’oxygène et permettre au corail de ‘‘respirer’’. En contre partie, le corail offre un endroit protégé aux micro-algues. La couleur du corail provient d’ailleurs du type de micr-algues accueillies.
Quel est son rôle dans l’Océan
Le corail croît lentement et forme les récifs qui entourent souvent les îles et forment les lagons. Ces récifs sont de vraies réserves pour la biodiversité marine. Il a même été recensé que les récifs coralliens représentent 1% de la superficie des fonds marins et accueillent 25% de la biodiversité océanique*!
Ces récifs sont notamment des barrières naturelles et permettent aux habitants des îles de vivre sur la côte et pêcher dans les lagons où la mer y est plus calme. Ce phénomène de ‘‘casser’’ la vague que provoque les récifs est d’ailleurs utilisé par de nombreux surfeurs.
Étant des réserves de biodiversité, ce sont aussi les garde-manger des habitants des îles. Pêche à la ligne ou chasse sous-marine, ils prennent se dont ils ont besoin pour vivre.
Que se passe-t-il quand il blanchit
Pour vivre, ces coraux ont besoin d’une température de 23°C à 29°C, mais les conditions climatiques actuelles engendrent le réchauffement des Océans. En tant qu’humain, nous avons besoin de maintenir la température de notre corps aux alentours de 37°C. Si cette température augmente, nous sommes dans un état fiévreux, et si nous dépassons un certains seuil (42°C), cela peut être fatal.
Eh bien il se passe la même chose pour les coraux. En plongeant, nous avons pu mesurer des températures de 32°C à 30m de profondeur en Indonésie et 29°C pour la Polynésie Française. Lorsque ces températures persistent, les micro-algues sont stressées et expulsées du polype. Dépourvu des zooxanthelles, le corail laisse apparaître son corps calcaire. Les coraux sont alors blancs!
Mais les polypes ne sont pas morts à ce moment là!
Il a été observé que lorsque la température de l’eau refroidie, les micro-algues reviennent et les coraux peuvent survivre.
Récemment, l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) a bien confirmé que la Terre « connaît un nouvel événement mondial de blanchissement des coraux » depuis le dernier en date de 2016.
Pour l’Australie, il s’agirait du 5ème épisode de blanchissement en 8 ans.
Quels sont les dangers qui les menacent ?
La température de l’eau est un facteur important pour le maintien de la vie des coraux. C’est lorsque la température de l’eau reste haute trop longtemps que le risque de mortalité des coraux augmente.
D’autres facteurs telles que des bactéries ou virus, ou encore certains polluants provoquent le stress des micro-algues.
Sans cette symbiose, les polypes manquent de nourriture et d’oxygène, ils ne peuvent plus se ‘‘battre’’ contre les envahisseurs, les algues. Sur les récifs, on peut voir cette conquête de territoire s’opérer silencieusement. Bien trop souvent les récifs sont couverts d’algues, ne donnant aucune chance aux coraux de survivre ou à de nouvelles boutures de s’implanter.
Les coraux ont aussi un ennemi particulier, l’étoile de mer appelé l’acanthaster ( taramea en polynésien) qui arrivent par dizaines sur les récifs et dévorent littéralement les coraux.
Enfin amis plongeurs, merci de porter une attention à l’envergure de vos mouvement de palmes qui trop souvent viennent briser ces précieux animaux.
acanthaster ( taramea en polynésien)
Quelles actions sont possibles
Des actions de restauration du corail se font à travers le monde. La ‘‘culture’’ de coraux permet de donner un coup de pouce à ces animaux. Leur croissance est optimisée par la surveillance de la température et l’entretien des boutures pour éviter la prolifération d’algues permettent sûrement une meilleure survie des pousses de corail. Lorsque ces boutures sont réimplantées au récif, il n’y a pas de certitude sur le taux de survie de ces jeunes poussent.
Une chose est sûre, les coraux souffrent.
Et nous aurons beau retirer les prédateurs, arracher les envahisseurs, cultiver les jeunes poussent, l’origine du problème est bien ailleurs et elle vient de nous !
De la hausse des températures à la qualité d’eau des lagons et eaux du littoral, nous devons revoir notre responsabilisation sur les conditions de vie des écosystèmes marins. La qualité de l’eau et notre impact sur le littoral est bien souvent ignoré alors qu’il est la base des conditions de vie des écosystèmes aquatiques. Les nutriments que charient naturellement les rivières et fertilisent les écosystèmes sont bien souvent remplacés par des déchets plastiques et autres pollutions chimiques. Toutes nos activités à terre impacte la vie en mer.
L’augmentation des tempêtes et ouragans, la prolifération d’algues surbooster par les charges organiques terrestres.
Que pouvons nous réellement faire
Alors ce que nous pouvons faire, c’est déjà nous renseigner sur le traitement des eaux de notre communauté, exiger des études sur la qualité des eaux littorales.
Supporter les actions de restauration car elles aident tout de même les récifs.
Il a été observé que des récifs peuvent retrouver un état de santé en l’espace d’une dizaine d’année. À nous de jouer pour leur laisser des conditions optimales pour se relever de ces épreuves.
Et même la pollution sonore !
Mots de Muriel Pontarollo - Représentante de l’IFRECOR
Le Centre de Recherches Insulaires et Observatoire de l’Environnement (CRIOBE) vient de présenter les résultats d’une étude sur l'impact de la prolifération des algues sur les récifs coralliens en relation avec la pollution sonore liée au trafic maritime touristique dans le lagon de Bora Bora
Leurs recherches ont mis au jour l’importance des populations de vana (oursins) mais aussi des poissons herbivores comme les manini (poissons chirurgiens) pour limiter la prolifération des algues qui remplacent peu à peu les coraux, menaçant ainsi le fragile écosystème du lagon. Cette étude a montré l’incidence positive de ces deux espèces consommatrices d’algues envahissantes, telles que la turbinaria ou la dictyota. Leur préservation est donc déterminante pour sauver les récifs coralliens menacés de disparition sous l’effet du développement algal. L’étude a également mis au jour, l’incidence de la pollution sonore sur cette consommation d’algues, en particulier par les poissons herbivores, sur les zones les plus fréquentées, les poissons, dérangés par le passage incessant des bateaux liés au tourisme et des jet-skis sont perturbés dans leur alimentation et consomment donc moins d’algues.
La limitation ou, du moins, une meilleure gestion du trafic maritime récréatif apparaît comme la solution à la prolifération galopante des algues qui risquent à brève échéance de provoquer la mort d’une grande partie des récifs coralliens du lagon de Bora Bora.
*Plaisance, L., Caley, M. J., Brainard, R. E., Knowlton, N., & Roopnarine, P. (2011). The diversity of coral reefs: What are we missing. PLoS ONE, 6, e25026.
https://www.noaa.gov/news-release/noaa-confirms-4th-global-coral-bleaching-event